La place du travail

Chaque personne a une relation personnelle et expérientelle avec son travail. Soit il est apprécié, soit il est détesté. Tout dépend du travail, de l’ambiance au travail, de ses relations avec les collègues, avec sa hiérarchie. Force est de constater que nous passons beaucoup de temps au travail par rapport au temps dédiés à la vie privée, à sa vie familiale. Le travail peut être choisie par la personne ou contraint lorsqu’il représente une obligation (alimentaire, familiale etc.). De ce fait, l’intégration à une équipe n’est pas toujours facile du fait de la place que nous prenons, de la place que nous n’osons pas prendre, et de la place que les autres laisse à la personne. Là, se rejouent les scènes de socialisation de l’enfance. Je vous laisse imaginer ce que vous pouvez retrouver comme relation (d’amitié, d’inimitié, de domination etc..).

Les passionnés du travail comme moi ne comptent pas ses heures tout en s’épanouissant dans le milieu du travail. Je parle d’un métier choisi ou les horaires peuvent être assoupli (suivant les heures faites, bien sûr). Quelle joie d’aimer son métier et d’y aller avec le sourire et la gaieté ! Cependant, la gaieté et l’épanouissement peuvent s’éteindre dès lors que le travail n’apporte plus la joie en raison de facteurs ternissant le métier : surcharge de travail conséquente, mauvaise communication, discours négatif quotidien, jeux de pouvoir et d’influence, aucun appui et soutien hiérarchique, ingérence, contrôle des services annexes, défiance……

Je comprend que l’on peut haïr son travail parce que la reconnaissance n’est pas présente, parce que ses idées sont utilisés par son collègue, par ce que la personne a subi une trahison concernant un contrat, parce que la relation avec son N+1 est nocive. Il y a tant de raison de détester son travail et d’y aller la boule au ventre. Pouvons-nous alors décider d’être accompagné pour se délester de cette image fataliste du travail, de mettre à distance ses affects, ou de se projeter vers une reconversion professionnelle? Généralement, peu demandent de l’aide ou s’oriente vers des Coach en développement personnel ou psychologue. Quel dommage d’épuiser sa santé mentale et physique dans un lieu qui ne vous correspond pas. Pour ceux qui ont frôlé ou qui ont été victime d’un Burn-Out, les limites deviennent claires. Le travail a un temps donné, et l’affect est replacé à sa juste place pour le bien-être et la santé mentale de ceux-ci quand il ne quitte pas l’environnement de travail.

Un psychologue me disait que la racine latine du travail évoquait une signification lié à la souffrance. Tous les métiers sont-ils alors le lieu du stress et de la souffrance au travail. Tellement de facteurs induisent cette souffrance : la charge de travail, la charge émotionnelle, l’exigence de temps et de la durée alloué, le conflit de sens (de valeur), et cette liste est non exhaustive. De ce fait, devons-nous accepter ce fatalisme ou nous diriger vers une reconsidération du terme travail ? Je choisis la seconde afin d’évoluer vers une vision plus positive du travail avec une mise à distance émotionnelle et mentale.

La déconnection fait partie de ces outils qui peut faire rire. Peut-on sur certains métiers (médecins, cadre, infirmiers, aide-soignante) nous forcer à ne plus être disponible quand le métier se veut aidant, disponible, alerte suivant les urgences ? C’est un choix qui revient à chacun et qui va porter l’ensemble de sa pratique professionnelle et de son éthique. A l’heure où les groupes Wathsapp d’équipe ont le vent en poupe, avec pour objectif rationnelle de transmettre l’information, ne constatons-nous pas une dérive d’une accroche professionnelle toujours présente ? Elle est certes disponible pour avoir été cadre et pour transmettre des messages qui ne pouvait être fait collectivement dans la journée. Le travail ressemblant pour moi à une divinité indoue avec quatre bras tant la surcharge de travail était lourde et doublée par une accumulation antérieure.

Et il y a ceux dont le travail ne représente qu’une infime part de la vie. Leur présence est alors minutée et peuvent partir chez eux l’esprit serein sans qu’aucun dossier ne soit mis à jour ou soit traitée. Cette faculté de se distancer avec les tâches inhérente au poste m’a toujours questionné. Ou ceux qui récolte les lauriers d’une autre personne à leurs fins personnelles ou professionnelles. Le caractère opportuniste de ces personnes me font penser qu’il n’existe pas de loi morale au travail. Mais alors, je comprend que se positionner face au travail dépend de nos expériences, de nos erreurs (sources d’apprentissage quotidiens), de notre sensibilité et de notre conception du travail (avec le conditionnement de la petite enfance avec ses parents pour modèle).

Ainsi, la modélisation des figures parentaux prédit elle une même configuration ou une même représentation du travail par l’enfant devenue adulte ? Il me semble que oui, des schémas d’imitation reste présent dans la pensée, même si cette représentation n’est pas figée dans le temps. Pourrions-nous à l’avenir modeler une représentation du travail qui soit la plus juste possible pour donner en exemple à nos enfants, que l’épanouissement personnel et professionnel soit au cœur de la vie dans le travail et en dehors du travail. Le juste équilibre étant dans la préservation de centres d’intérêt personnel, privé, familiale afin de ne pas surinvestir le travail plus qu’il n’en faut.

La reconnaissance passe par une bonne estime de soi, une confiance en soi à toute épreuve, la conscientisation de ses réussites et de ses apprentissages par essai-erreur. 

Pour ceux qui diront que nous sommes remplaçables, certes, mais notre personnalité ainsi que notre valeur ajoutée est elle, irremplaçable 🙂

Bonne lecture !

Sur la route de la réflexion et de la place du travail dans nos vies…….

Thalatha et San (Karima)